Le cryptage assure la sécurité des enfants en ligne Thumbnail
Cryptage 3 mai 2023

Le cryptage assure la sécurité des enfants en ligne

Par Sebastián SchonfeldSenior Communications and Advocacy Advisor
Natalie CampbellSenior Director, North American Government and Regulatory Affairs

En tant que parents et défenseurs d’Internet, nous sommes très attachés à la sécurité des enfants en ligne et faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour que ceux-ci soient en sécurité. Tout comme nous nous assurons qu’ils portent bien leur ceinture de sécurité et que nous nous rendons régulièrement chez le médecin, nous surveillons ce qu’ils font en ligne, en utilisant des outils tels que le cryptage pour les protéger de tout danger.

C’est pourquoi nous sommes si inquiets des propositions de loi telles que les EARN IT Act, STOP CSAM Act et Kids Online Safety Act aux États-Unis. Ces projets érodent le meilleur outil dont nous disposons pour préserver la confidentialité et la sécurité des informations relatives à nos enfants, comme l’endroit où ils vivent et où ils vont à l’école.

Permettre à nos enfants de naviguer sur Internet en toute sécurité peut être une tâche complexe et exigeante. En tant que parent, il est impératif de concilier contrôle et autonomie dans l’encadrement de nos enfants. Heureusement, il existe un juste milieu. Nous pouvons prendre le contrôle de certaines inconnues, afin de réduire les risques en ligne. En nous tournant vers des outils et des mesures adéquates, nous pouvons nous assurer que nos enfants ne sont pas exposés à des contenus inappropriés ou contactés par des inconnus. Le cryptage est essentiel à cet égard, car il nous donne les moyens de permettre à nos enfants de naviguer en ligne en toute sécurité, sans que leurs informations ne soient divulguées.

En quoi ces projets de loi mettent-elles les enfants en danger ?

Ces propositions s’attaquent au cryptage. Elles nous privent de la possibilité d’utiliser un outil essentiel pour assurer la sécurité de nos enfants en ligne.

La loi EARN IT et la loi STOP CSAM donneraient aux tribunaux le pouvoir de considérer l’utilisation du cryptage comme une preuve de responsabilité dans les cas de distribution de matériel pédopornographique (CSAM) sur une plateforme. Alors que la loi EARN IT introduit des accusations criminelles pour les plateformes, la loi STOP CSAM introduit une responsabilité civile radicale pour les plateformes et les fournisseurs d’infrastructure. Dans les deux cas, le résultat final est un cryptage affaibli.

Avec les lois EARN IT et STOP CSAM, les plateformes risquent d’être tenues pour responsables de la diffusion de trafic illégal, alors qu’elles n’ont potentiellement aucune connaissance de son contenu. Ces lois décourageraient les entreprises de rendre le cryptage disponible sur leurs services, ou même de permettre aux clients d’utiliser des services cryptés.

La loi Kids Online Safety (KOSA) obligerait également les plateformes à choisir entre l’utilisation du cryptage de bout en bout ou son affaiblissement pour filtrer le contenu.

La possibilité de conséquences incalculables suscite une grande inquiétude chez les parents. L’ironie, c’est que beaucoup d’entre nous ne réalisent pas à quel point nous dépendons du cryptage vu qu’il agit en coulisses en toute discrétion, empêchant les pires scénarios de se produire.

Voici comment le cryptage protège nos enfants :

1. Le cryptage protège les enfants contre les prédateurs sexuels
Kevin est un enfant de 12 ans qui adore dessiner. Il éprouve de la joie à l’idée de partager son talent avec le monde entier. Après avoir discuté des avantages et des inconvénients, ses parents décident qu’il peut créer un profil sur DrawHive, une plateforme de réseaux sociaux pour les amateurs d’art. Ils interdisent cependant certaines interactions afin d’éviter que des inconnus ne s’adressent à Kevin, que ce soit par le biais de commentaires publics ou de messages privés. Ils autorisent également Kevin à utiliser une application de messagerie cryptée de bout en bout différente pour qu’il puisse discuter avec ses amis. Ses parents sont en mesure de bloquer les demandes de messages provenant d’utilisateurs inconnus, de sorte qu’aucun étranger ne puisse écouter ou voir ses messages, pas même l’entreprise qui gère l’application de messagerie. Ainsi, les informations qu’il partage avec ses amis ne peuvent pas être exploitées par un individu se faisant passer pour un enfant afin de dialoguer avec lui. Pour ses deux comptes, ils choisissent ensemble un nom de profil qui ne permet pas d’identifier Kevin, sa famille ou leur lieu de résidence.

2. Le cryptage protège les enfants contre l’exposition à des contenus préjudiciables
Shannon a reçu son premier smartphone le jour de son 11e anniversaire. ENFIN. Elle est la dernière de sa classe à avoir un téléphone et elle a hâte de discuter avec ses amis après l’école. Dès qu’elle l’a entre les mains, elle télécharge une application de messagerie et rejoint des groupes de discussion, où elle et ses copines parlent de leurs cours les plus ennuyeux, de leurs chansons préférées et de la façon dont les adultes sont si ringards. Elles ne le savent pas, mais leur application de messagerie n’est pas cryptée de bout en bout. Ce faisant, elle analyse les messages pour que s’affichent des publicités ciblées, ce qui signifie que Shannon voit s’afficher des pop-up de plus en plus bizarres. Hier, une publicité pour une application de rencontre. Aujourd’hui, une publicité pour un site pour adultes. Le chiffrement de bout en bout aurait pu protéger Shannon contre le profilage publicitaire et les contenus inappropriés.

3. Le chiffrement protège les enfants contre le CSAM
Toby et Sara sont à l’école primaire et leur père John ne veut pas perdre un seul souvenir précieux. Il a peu de photos de son enfance et ne veut pas que ce soit le cas pour ses enfants. Avant leur naissance, il a acheté un téléphone doté d’un appareil photo professionnel et a même pris des cours de photographie. Il a pris des milliers de photos et de vidéos et les sauvegarde chaque jour sur son compte sur le cloud qu’il suppose sécurisé. Malheureusement, il n’utilise pas de cryptage et toutes les photos de ses enfants – faisant leurs premiers pas, à la piscine et prenant leur premier bain – sont maintenant entre les mains de personnes faisant partie d’un réseau de distribution de CSAM (contenus d’abus sexuel sur mineurs). Avec les récents développements de l’IA, il est également simple de créer de fausses images offensantes avec leurs visages. L’utilisation d’un stockage en ligne crypté aurait pu assurer la confidentialité des photos les plus intimes de ses enfants.

Quand rien de grave ne se produit, on n’en parle pas. C’est le paradoxe du cryptage. Parce qu’il est impossible de dénombrer le nombre de « méfaits évités », on ne peut quantifier combien d’enfants le chiffrement a protégés. Mais on sait que c’est le cas. Comme la ceinture de sécurité avec laquelle on attache son enfant, le cryptage fait un si bon travail pour assurer notre sécurité à tous que nous le considérons comme une évidence. L’exploitation des enfants, sous quelque forme que ce soit, est une pratique odieuse, et il est légitime que les communautés cherchent à résoudre ce problème. Pour ce faire, elles se tournent vers les autorités. Les législateurs à l’origine de ces projets de loi disent vouloir protéger les enfants, mais ils affaiblissent les outils qui permettent justement de le faire. . Malheureusement, leurs propositions nous mettent tous en danger et nous privent de la possibilité de protéger nos propres enfants.

Que pouvez-vous faire ? Continuez à utiliser des outils cryptés pour protéger vos enfants en ligne. C’est l’un des meilleurs moyens de le faire.


Crédits photo : ©Freepik

Clause de non-responsabilité : Les points de vue exprimés dans cet article sont ceux de l’auteur et peuvent ou pas refléter la position officielle de l’Internet Society.

Articles associés

Qui sommes nous 2 septembre 2024

Début d’un nouveau rôle en tant que présidente-directrice générale

Nous sommes fiers de présenter Sally Wentworth comme notre nouvelle présidente-directrice générale.Sally travaille depuis 15 ans à l’Internet Society....